An experience in Japan and elsewhere…
Huit touristes japonais ont été pris en otages dans une région montagneuse et désolée. Après l’assaut d’une brigade anti-terroriste, la cabane où ils sont retenus prisonniers est totalement détruite, il n’y a aucun survivant. Seul un enregistrement atteste de leur existence en ces lieux. Des lectures semble-t-il : des textes énoncés à haute voix par chacun d’entre eux pour surmonter la peur et tenter d’échapper à l’ombre béante de la mort.
Les Lectures des Otages est un livre déroutant…
En effet l’intrigue, qui fournit la base du récit, se retrouve rapidement n’être qu’un prétexte à un recueil de nouvelles, assez inégales et n’ayant aucun liens avec les autres. On est presque immédiatement plongé dans les récits de ces otages, et rapidement cette référence même s’estompe et on lit le livre comme une succession d’ histoires indépendantes, et c’est à la toute fin seulement que le dernier des récits viendra fermer la boucle et apporter le liant nécessaire pour considérer cette œuvre comme un roman.
Comme toujours chez Ogawa, on navigue perpétuellement à la frontière de l’étrange, comme cette femme qui rappelle aux gens le souvenir de leur grand mère décédée, ou ce petit vieux fantomatique tentant de vendre ses peluches borgnes et difformes. On se perd dans le récit, cherche parfois un sens, un but à tout cela, mais lorsque que l’on touche à la fin, on s’aperçoit qu’il n’y en avait peut-être aucun. Pourtant une inexplicable attraction, un charme presque, se dégage de ces histoires ; si bien qu’à aucun moment on ne s’ennuie ni ne souhaite sauter des lignes car les scènes sont parfaitement décrites et, rapidement, on se retrouve à vivre avec le narrateur ce moment à tel point unique de sa vie, qu’il juge utile de le partager alors qu’il se sait aux portes de la mort.
Un roman excellent donc, mais qui pourrait perdre en route le lecteur non averti. Quant à ceux qui feront l’effort de s’impliquer dans leur lecture, ils ne le regretteront pas.
Il s’agit donc de ma seconde lecture (en réalité 3ème mais j’étais en retard sur la précédente) pour le Challenge Ecrivains japonais chez Adalana. Une très bonne idée qui me pousse à me replonger dans la littérature japonaise!
L’année dernière avait été plutôt pauvre en ski, et afin de se remettre de cet échec, cette année, avec quelques amis, nous avons monté un petit voyage au ski, similaire à celui d’il y a 2 ans à Fukushima! L’occasion rêvée d’étrenner ma belle paire de ski toute neuve!
Depuis longtemps je voulais aller à Zao dans la préfecture de Yamagata, en effet cette station présente de nombreux attraits pour les amateurs de sports d’hiver : un grand domaine skiable, ce qui est plutôt rare au Japon, une vraie petite ville au pied des pistes avec des bars, des boutiques, des restaurants et surtout une myriade d’Onsen, et enfin un paysage unique avec ses fameux 樹氷, les monstres de glaces. Pour le profane, les monstres de glace sont en fait des arbres qui, par un hasard climatique (du froid et du vent, beaucoup), se couvrent de neige et gèlent sur place. Le sommet en étant couvert, cela donne des paysages assez hallucinants comme ceci:
Le lieu est évidemment très touristique, d’autant que la ville est aussi une vraie station thermale, reconnue pour ses Onsen aux eaux souffrées, très bonnes pour la santé. Aussi le touriste cherchant un logement se verra offrir un choix pléthorique, de la pension pour skieurs à l’hôtel de luxe en passant par tous les intermédiaires, le site de la station proposant une liste exhaustive ici : http://www.zao-spa.or.jp/syukuhaku/. Certains liens pointent vers des sites anglais, où l’on peut réserver en ligne sans trop de problème.
Pour ma part, j’avais identifié le Petchika qui s’est avéré un très bon choix comme nous le verrons par la suite : on peut y réserver des nuits combinées avec le forfait remontées mécaniques, ainsi que la demi pension pour une somme vraiment raisonnable: 26,000 yens pour 3 jours de forfait et deux nuits (avec dîner et petit déjeuner inclus donc). Par contre oubliez l’anglais…
Après quelques discussions entre amis, nous nous sommes finalement arrêtés sur la date du 23 février pour 3 jours de pure neige!
Même si l’un d’entre nous aura préféré laisser ses ligaments sur une piste quelques semaines plutôt, tandis qu’un autre se dégonflera au dernier moment par peur d’un hypothétique blizzard, nous partîmes finalement le samedi à 4h du matin, à 8 dans un minibus, loué la semaine d’avant à un ami japonais, fortuitement rencontré dans un bar au détour d’une beuverie de samedi soir.
Il est évidemment possible d’accéder à la station via les transports en commun (shinkansen puis bus), mais la location d’une voiture revient quand même très vite moins chère, et le trajet depuis Tokyo s’avale en une seule (longue) traite d’autoroute suivi d’une petite demi-heure de routes enneigées… La fin se révélant peut-être un peu raide puisque, malgré des pneus neige et quelques belles figures de style au passage, notre minibus ne franchira jamais le dernier virage pour arriver à destination. Nous serons donc contraint de le laisser en bas de la station pendant que le petit vieux propriétaire du Petchika nous embarquera dans sa Kei-car pour nous amener à l’hôtel, littéralement au pied des pistes.
La première journée de ski se révéla à la hauteur des attentes générées, avec un beau temps et surtout une neige absolument formidable, vu qu’il ne s’est quasiment pas arrêté de neiger de la semaine. Le domaine est magnifique, avec beaucoup d’arbres couverts de neige, et c’est un vrai plaisir d’évoluer sur les pistes. Petit bémol cependant, très peu de pistes vraiment difficiles : certes les débutants auront de quoi s’amuser mais les skieurs confirmé n’y trouveront certes guère de challenge (ce qui n’empêche pas de se faire plaisir outre mesure). Les surfeurs maudiront quand à eux les nombreux plats qui marquent les transitions entre certaines pistes, notamment si on essaye de couper le domaine en diagonale.
Nous tentâmes donc d’aller rendre visite aux fameux monstres, et après avoir traversé le domaine d’ouest en est et pris 2 téléphériques nous sommes enfin arrivés au sommet. Malheureusement ce dernier était pris dans un nuage et la visibilité était donc, au mieux, médiocre, tandis que le vent et le froid donnait rapidement envie de redescendre. Les monstres n’en furent pas moins impressionnants, tandis que la piste qui descend au milieu se révéla des plus agréable car recouverte d’un épais manteau de poudreuse.
Après un retour à l’hôtel devant un coucher de soleil purement magnifique nous avons pu apprécier l’ambiance chaleureuse et la très bonne cuisine de l’établissement : simple mais efficace et de bon goût. Parfait pour enchainer sur un bon petit Onsen, puis une soirée jeu de société un peu endormie autour de quelques bières suivi d’une bonne nuit de sommeil… Ou pas car certains ronflent comme des bûcherons mais passons.
La deuxième journée aura été un peu dure, en raison d’un temps, disons-le, assez mauvais : beaucoup de vent, de neige et une visibilité très mauvaise écourteront la journée malgré une neige simplement géniale. Une belle aventure cependant que de descendre 1200m de pistes avec des débutants en snowboard alors que le vent souffle a 60km/h et qu’on ne voit pas à plus de 5m devant soi.
Le lundi qu’il est bon de se réveiller avec un magnifique lever de soleil sur une neige vierge… Le propriétaire de l’hôtel nous fera une fleur en nous autorisant à laisser nos affaires dans les chambres jusqu’à 16h (il faut dire que l’établissement est quasi vide : dur rappel que les japonais ne prennent pas de vacances…).
Nous profitâmes du beau temps matinale pour remettre madame sur les pistes. souvenez-vous, l’an dernier elle montait pour la première fois sur une planche, et cette année grâce au talent de Nicolas, que nous ne remercierons jamais assez, elle aura fait de gros progrès!
C’est mimi non?
Par la suite nous retournâmes faire un tour aux monstres de glaces, pour les trouver dans la même situation que l’avant-veille. Aussi nous redescendîmes finir l’après midi autour de quelques hors pistes pleins de poudreuse : un vrai plaisir, comme toujours avec cette neige japonaise!
En fin d’après-midi, alors que le temps se gâtait, nous rentrâmes vers le Saitama, fourbus mais le sourire aux lèvres et des souvenirs plein la tête.
Je recommande donc chaudement Zao, en famille ou avec des amis : la station est sympathique, le domaine est grand et beau et la neige est tout simplement parfaite. De plus l’altitude un peu plus élevée que la moyenne au Japon permet une relative sécurité quant à la qualité de la dite neige. Pour ma part j’y retournerai avec plaisir à l’occasion.
Suite à mon évolution professionnelle et mon déménagement dans la charmante localité de Kumagaya, j’ai décidé d’acheter une voiture en septembre dernier.
Sur le net, on ne trouve finalement que très peu d’information sur les procédures d’achats automobile, probablement car la majorité des étrangers au Japon habitent Tokyo où ce genre d’achat est très souvent superflu. Et pourtant…
Ayant décidé récemment de changer de voiture (oui au bout de 6 mois, je me lasse vite de mes gros jouets), et donc de me retaper cette procédure, je me suis décidé à en parler un peu ici. Après tout, non le Japon ce n’est pas que Tokyo et sa mégalopole encombrée…
Au Japon il existe 2 types d’automobiles, les « normales », à plaque d’immatriculation blanche, et les voitures légères (Kei Jidosha 軽自動車, ou simplement K-cars), à plaque d’immatriculation jaunes. Ces dernières rentrent dans un cadre normatif assez strict : Longueur de 3.4m, largeur de 1.48m, hauteur de 2m, et une cylindrée de 660 cm3. Il s’agit donc de petites voitures, très compactes, idéales pour rouler en ville mais qui peuvent quand même atteindre des vitesses d’autoroute, et nécessitent donc un vrai permis (à la différences de nos « voiturettes » françaises). De plus elles offrent à leur propriétaire de nombreux avantages vis-à-vis de la législation par rapports aux voitures normales (on le verra plus tard) et les japonais en sont donc particulièrement friand.
Les automobiles au Japon sont soumises à une taxe annuelle, calculée sur la base de la cylindrée et de la puissance du moteur, donc très variable (comptez 30~50,000 JPY pour un moteur entre 2.0 et 3.0L de cylindrée). Le K-car bénéficient là d’un régime spécial (autour de 5,000 JPY/an). A noter une surtaxe sur tous les véhicules importés.
Ensuite tout véhicule de plus de 3 ans doit subir, tous les 2 ans le contrôle du Shaken 車検, sorte de contrôle technique, assorti d’une maintenance obligatoire du véhicule et d’une taxe, basée sur la puissance du véhicule (avec là encore une surtaxe sur les véhicules importés). Le piège ici étant la maintenance obligatoire, on insistera donc sur l’importance de faire entretenir régulièrement son véhicule pour éviter de se prendre une énorme ardoise le jour du Shaken. Là encore ce dernier coute beaucoup moins cher sur une Kei-car et peut couter très cher sur une voiture de sport. Evidemment sans Shaken il est interdit de rouler avec le véhicule.
L’assurance représente un poste de cout comparable à ce qu’on peut connaître en France, en général un peu plus cher, mais qui a tendance à baisser très vite si pas d’accident. Il existe de nombreux assureurs, avec des prestations similaire à la France (au tiers, tout risque, etc.), il conviendra donc de faire des devis auprès de plusieurs compagnies pour trouver chaussure à son pied. A noter que certaines compagnies proposent un service en anglais, ce qui peut être un plus appréciable car en général quand on a affaire à son assurance c’est qu’on est en galère et on n’a pas nécessairement envie de s’ajouter la difficulté du langage… Je recommande http://www.japaninsurance.net/ qui semble vraiment bon (pour ma part je suis chez une autre compagnie mais qui n’est pas bilingue).
Un autre poste de cout est évidemment l’entretien. Comme en France vous pourrez le faire dans un garage de la marque; chez des spécialistes, dans un centre auto comme Autobacs ou Yellow Hat (mais ces derniers acceptent rarement les voitures étrangères), ou même chez le p’tit vieux qui tient son garage au coin de la rue. Le coût facturé sera à l’avenant, et globalement ma maigre expérience montre qu’il faut s’attendre à payer un peu plus qu’en France, avec un service qui semble néanmoins très bon. L’entretien maison est évidemment toujours possible mais contraignant dans la mesure où à moins de disposer d’une maison avec parking on ne vous autorisera pas à le faire.
La dernière chose à prévoir: le parking. Celui-ci est obligatoire, et le cout de la location est très variable en fonction de la région/ville et de l’emplacement (proximité avec la gare). Je paye 12,600 JPY/mois à Kumagaya, à 10 min a pied de la gare, les prix montent a 20,000 pour un emplacement à 2 min. A Tokyo cependant un parking coute facilement 40,000 JPY/mois…
Evidemment, il vous faudra payer votre essence, qui coute un peu moins cher qu’en France (environ 150 JPY/L), et les trajets au Japon étant assez hachés, les consommations sont souvent un peu élevées. Heureusement les japonais sont les spécialistes des moteurs basse consommation et autre hybrides. A noter que la législation du travail oblige les entreprises à prendre en charge les frais de transport et donc vos frais kilométriques si vous allez travailler en voiture.
Voilà, maintenant que vous savez que ça va vous couter un œil, mais que vous voulez quand même continuer, rendez-vous prochainement pour les procédures! 😉
Pour diverses raisons, je me suis engagé à participer au Challenge Écrivains japonais 2013 du blog d’Adalana, et me voici donc ce mois-ci avec une chronique de ce très bon livre d’Higashino Keigo, Le Dévouement du suspect X.
Il s’agit d’un roman policier mais avec une intéressante originalité : le mobile et le coupable sont parfaitement connus depuis le début du livre. Un mathématicien de génie, professeur d’un obscur lycée, et secrètement amoureux de sa voisine, va tout faire pour innocenter cette dernière du meurtre de son ex-mari violent. L’intrigue réside donc dans la façon qu’aura le criminel de maquiller ses traces et d’entrainer la police sur de fausses pistes. Tout semble bien se passer quand le professeur s’aperçoit qu’aux côtés de la police s’est joint un vieil ami de l’université, physicien de haut niveau. La bataille sera peut-être alors plus compliquée qu’escomptée…
Tout le suspens du récit réside donc dans la question suivante « qu’est ce qui est le plus difficile, tenter de poser un problème insoluble ou tenter de le résoudre ? ». Le lecteur, soigneusement tenu ignorant des détails du crime est parfaitement tenu en haleine du début à la fin, plutôt inattendue. D’autant que l’auteur nous livre un texte très fluide et riche en émotions qui tranche avec certains autres romans japonais plutôt froids et austères.
Un roman à suspens donc, original et divertissant que je recommande vivement. Je me souviens par ailleurs avoir vu une adaptation en Drama de ce scenario mais impossible d’en retrouver le nom donc si cela vous évoque quelque chose, n’hésitez pas à laisser un commentaire.
Les lutins statisticiens de WordPress.com ont préparé le rapport annuel 2012 de ce blog.
En voici un extrait :
600 personnes ont atteint le sommet de l’Everest en 2012. Ce blog a été vu 12 000 fois en 2012. Pour que chaque personne ayant atteint le somment de l’Everest puisse visiter ce blog, 20 ans auraient été nécessaires.
Cliquez ici pour voir le rapport complet.
Je trouve ça intéressant. Il se trouve que malgré une année bien pauvre en articles, j’aurais finalement fait une année record en terme de vues pour mon blog. Evidemment tout cela reste bien modeste, mais cela suffit à me remotiver et je vais essayer de ranimer le blog autant que faire se peut cette année, en espérant offrir quelques articles intéressants quand même 🙂
Sur ce bonne année à tous et à très bientôt!
Et voilà Noël est passé, l’occasion pour moi de rentrer un peu au bercail, la France ça fait du bien parfois! 🙂
J’avais déjà évoqué à quel point Noël est pénible au Japon, en tout cas surtout pour moi à qui Noël n’évoque à ce jour que des bons souvenirs avec la famille et une belle table.
Au pays du soleil levant, la plupart des mes collègues seront allés travailler comme tous les jours, ayant même trouvé le moyen de faire démarrer un projet ce jour là, raison de plus pour moi de fuir le pays (ce qui n’aura pas empêché un abruti de me passer un coup de fil a 6:30 du matin heure française le 25 décembre…).
Les jeunes et les célibataires quant à eux attendent Noël avec impatience pour pouvoir enfin inviter leur copine au KFC parce que c’est trop romantique les nuggets de poulet et puis KFC c’est rouge et blanc comme Noël, et puis de toute façon ce n’est qu’un moyen déguisé d’inviter mademoiselle à passer à la casserole (avec les odeurs de poulet, youpi!), après un immonde chiffon cake plein de crème… Une expression supplémentaire de la misère affective maitresse en ce pays.
Bref je parais peut-être un peu amer, mais en même temps Noël étant une fête de tradition chrétienne, elle ne signifie rien aux yeux du japonais moyen aussi il est difficile d’en vouloir à qui que ce soit là dedans, excepté peut-être à KFC de s’être approprié la célébration (mais en même temps on avait déjà le Père Noël Coca Cola donc bon…).
Et donc la boucle est bouclée, me voici en France pour la semaine où j’ai pu passer un excellent Noël en famille, où je me goinfre de foie gras, fromages et autres bon vins, histoire de se ressourcer un bon coup. Il me reste donc à vous souhaiter à tous un Joyeux Noël et d’excellentes fêtes de fin d’années et je vous donne rendez-vous en 2013, encore au Japon pour le meilleur et pour le pire! 🙂
Entre autres choses dans ma vie, il m’arrive de lire des livres: une cinquantaine chaque année, c’est sans doute beaucoup pour certains, peu pour d’autres, je fais de mon mieux… Et j’aime ça.
Bref, comme il s’avère que je lis de temps en temps des livres d’auteurs japonais, je trouve ma foi intéressant d’en parler ici vu que ça rentre plutôt bien dans le thème du blog.
Isaku n’a que neuf ans lorsque son père part se louer dans un bourg lointain. Devenu chef de famille, le jeune garçon participe alors à l’étrange coutume qui permet à ce petit village isolé entre mer et montagne de survivre à la famine : les nuits de tempête, les habitants allument de grands feux sur la plage, attendant que des navires en difficulté, trompés par la lumière fallacieuse, viennent s’éventrer sur les récifs, offrant à la communauté leurs précieuses cargaisons. Sombre et cruel, ce conte philosophique épouse avec mélancolie le rythme, les odeurs et les couleurs des saisons au fil desquelles Isaku découvre le destin violent échu à ses semblables dans cette contrée reculée d’un Japon primitif.
Naufrages raconte donc l’histoire d’un village de naufrageurs perdu sur une côte du Japon à une époque non-identifiée, qui, compte tenu de la stagnation évolutive du Japon et l’isolement du village, pourrait se situer aussi bien au XIè siècle qu’au début du XIXè. L’écriture distante et amorale nous plonge donc dans une innommable misère humaine : un monde où les hommes se vendent contre quelques sacs de riz pour aller travailler à la ville et ne reviendront que pour mourir, où la nourriture quotidienne n’est autre que l’eau de cuisson du riz, sauf durant les rares saisons de pêches, lors desquelles tous les hommes du village s’en vont pêcher des poissons à la main sur des coques de noix incapables de s’éloigner de la plage… Alors, quand il arrive qu’un bateau s’approche des côtes, c’est sans le moindre remord ni questionnement que le village fera tout pour que celui-ci se brise sur les rochers des rivages, et ira achever les éventuels rescapés pour s’emparer du contenu qui fera vivre le village au dessus de ses moyens pendant quelques années.
Tout le récit est de plus rendu pesant par cette passivité, cette acceptation résignée, typiquement japonaise : les saisons passent, rien ne change, rien n’avance et la misère se révèle toujours plus insupportable. Alors quand la maladie s’abat sur le village telle une punition divine suite à l’un de leurs forfaits, et surtout à la stupidité des habitants, il est difficile pour lecteur de ressentir la moindre compassion pour ces gens. Pourtant leur seul crime n’aura été que de vouloir survivre… Je recommande vraiment cette lecture, Yoshimura nous offre là un instant de Japon, certes cru mais révélateur d’un certain état d’esprit n’a pas vraiment disparu ici.
Au début du mois nous avons profité de la Golden Week pour aller passer une journée à Enoshima 江の島 (« ile de la baie »).
Le meilleur moyen d’y aller depuis Tokyo est de prendre la Shonan Shinjuku Line depuis Ikebukuro ou Shinjuku (ou même Shinuya) jusqu’à Ofuna, et de là prendre le monorail jusqu’à Enoshima (station Shonanenoshima). En effet le monorail est vraiment très plaisant avec son petit coté montagne russe Disneyland, et est souvent beaucoup moins fréquenté que la ligne Enoden, qui est la ligne touristique reliant Enoshima à Kamakura. Le trajet prend moins d’une heure et demi, ce qui fait d’Enoshima un endroit facilement accessible pour une balade d’une journée.
Enoshima est en fait une charmante petite île montagneuse reliée à la terre par une bande de sable (et un pont routier à 4 voies). En marchant depuis la gare on arrive d’abord sur la plage, visiblement très prisée pour les pique-niques mais aussi le bateau et la planche à voile. Bien que couverte du même sable noir que celle de Kamakura (en même temps il s’agit de la même baie) j’ai trouvé cette plage plus propre et plus jolie que cette dernière.
Nous nous sommes donc retrouvé sur cette plage avec quelques amis, décidant de croire dur comme fer Yahoo 天気 qui nous dit qu’il va faire beau malgré les énormes nuages noirs à l’horizon, avec au programme pique-nique et visite de l’île. Une originalité de ce lieu, plutôt inattendu en ce qui me concerne, c’est qu’il est survolé par des hordes de buses, et ces bestioles s’attaquent littéralement à tout ce qui se mange, et tout particulièrement ton super sandwich jambon beurre fromage que tu t’apprête à mettre dans ta bouche… C’est donc dans un climat de méfiance permanente qu’on a dévoré nos victuailles. Nous subîmes quand même quelques escarmouches, un ami laissant un sandwich dans la bataille tandis que sa dulcinée écopait d’une belle griffure, un peu trop proche de son œil droit…
Curiosité du jour, les japonais éloignent ces rapaces en exhibant des ballons en forme de gros œil jaune, pour être honnête je ne saurais dire si cela a vraiment fonctionné…
Évidemment, ce qui devait arriver arriva et nous nous sommes mangés un gros orage qui nous a finalement obligés à nous cacher pendant près d’une heure sous le pont.
Le beau temps étant revenu il était temps d’aborder l’île. Un conseil, soyez en forme car ça grimpe, beaucoup. Après une jolie petite rue commerçante qui monte vers un temple, on emprunte d’interminables escaliers qui permettent d’accéder au sommet de l’île. C’est mignon comme tout, les escaliers nous emmènent de temples en temples, sous les arbres qui de temps en temps s’écartent pour donner une très belle vue sur la baie, une balade vraiment très agréable.
Une fois en haut, s’offrent au visiteur une petite rue commerçante qui circule sur les hauteur, ainsi qu’un observatoire que nous avions choisi de ne pas visiter mais qui offre, parait-il, une très jolie vue sur la baie. On peut se promener ensuite dans les petites rues bordées de boutiques et de restaurants, en profitant à intervalles réguliers de la vue sur les falaises et la mer.
Nous nous sommes reposés dans un restaurant dominant une falaise et offrant une vue de toute beauté, afin de profiter de la vue et du soleil de fin d’après-midi sur la mer.
En continuant la route, on peut descendre au niveau de la mer, où se trouve de grandes cavernes qu’on peut visiter. Malheureusement pour nous, nous n’aurons pas le temps de faire la visite, une bonne raison pour revenir un autre jour.
En bref Enoshima est vraiment un très bon plan pour passer une journée au bord de la mer, avec de très beau panoramas, dans une ambiance qui reste typiquement japonaise. Je recommande chaudement!
Enfin ! Après plus d’un an et demi de Japon, nous avons enfin mis les pieds en concert ! Dire qu’il n’y a pas si longtemps à Paris, on y était quasiment tous les week-ends… Bon, soyons honnête le prix des concerts ici dissuade clairement de ce genre d’habitude, sans parler du fait que nous habitons finalement assez loin de Tokyo, ou du moins suffisamment pour qu’il devienne particulièrement pénible de rentrer tard (dernier train, tout ça tout ça…). Cependant, l’occasion tombant pendant mes vacances, avec une affiche des plus alléchantes, il aurait vraiment été criminel de se priver cette fois-ci.
Cette série de concerts (5 groupes quand même), répondait au doux nom de 時の葬列, traduit par ‘The Funeral Procession of Time’ (traduction de l’orga, pas la mienne). Il s’agit en fait d’un hommage à une tournée de 13 concerts portant ce nom, et qui s’était déroulés dans les 80’s avec plus ou moins la même affiche : les groupes fers de lance de la scène positive punk japonaise. Le concert de ce jour était quant à lui organisé et promu par Tokyo Dark Castle, qui est en fait l’association de Genet, chanteur d’AUTO-MOD, déjà à l’origine de la tournée originale il y a 30 ans, la boucle est bouclée.
On notera avec amusement qu’au Japon on n’a jamais trop parlé de post-punk, de deathrock, ou de gothic-rock, la scène est restée sur le terme positive punk (ポジティヴ・パンクparfois abrégé en ポジパン soit pojipan) et l’utilise maintenant encore alors qu’en Europe il deviendra très vite obsolète.
Les 5 groupes qui nous auront été donné de voir sont donc plus ou moins fondateurs du genre au Japon, et à l’instar de pas mal de groupes occidentaux, ont connu leur heure de gloire pendant les 80’s, et sont tous morts à l’aube des 90’s, pour se reformer il y a quelques années.
Et ce concert en lui-même alors ? Et bien disons-le ce fut franchement génial ! Construite en 2008, la salle toute neuve (Koenji High) accueillait environ 200 personnes dans de très bonnes conditions, et avec une sono de très bonne qualité et des lights de compétition, on est très loin de ce que j’ai pu voir en France ou en Angleterre de ce point de vue (à 50 Euro le concert en même temps…). En ce qui concerne les groupes, aucun regret et plutôt de bonnes surprises.
N’ayant pas de photos correctes pour illustrer l’article, j’ai mis des vidéos qui permettent de se faire une idée des groupes. Le lecteur sera indulgent sur la qualité de ces dernières qui sont souvent « d’époque » avec tout ce que cela implique.
Gara
Malgré quelques recherches j’étais complètement passé à coté de ce groupe. Celui-ci a œuvré entre 1983 et 1986 et n’a sorti en tout et pour tout qu’un EP 5 titres dans toute sa carrière. Il s’agissait là du concert de reformation, accompagnant la réédition en CD du dit EP. Grosse claque musicale pour ma part : du deathrock dans une veine certes classique mais un jeu hyper carré, une énergie débordante avec un chanteur possédé, une musique à la fois bruitiste et efficace, pleine de changements de rythme, qui évolue entre des transes malsaines et lancinantes et de purs assauts de guitare secondés par une rythmique littéralement écrasante. Honnêtement, ça tabasse ! Un set de 30 minutes qu’on n’aura réellement pas vu passer.
Madame Edwarda
Un groupe qui fait donc lui aussi partie de la vieille garde des groupes japonais mais avec cette fois une réelle carrière, fondé en 1980 le groupe a sorti 2 albums majeurs et 2 EP avant de se séparer en 1986, pour se reformer en 2008 (uniquement en live pour le moment). J’avais eu l’occasion de poser l’oreille sur quelques titres par le passé, le groupe étant relativement connu en tant qu’inspiration revendiquée du groupe de Visual Kei Malice Mizer… On est ici dans un deathrock plus mélodique, aux accents parfois goth-rock, tout en restant assez acide et bruitiste avec des guitares qui rappellent parfois le Christian Death période Valor des débuts (Catastrophe Ballet, Atrocities,… qui a dit le meilleur ?). Personnellement j’apprécie particulièrement ce groupe dont les compositions très efficaces se laissent réécouter sans fin. Sur scène, c’était certes un peu moins carré que Gara mais tout aussi prenant, j’ai beaucoup aimé et je me suis d’ailleurs acheter l’EP Lorelei dont il reste semble-t-il quelques galettes vinyle.
Sodom Project
Registre complètement différent pour ce groupe, qui a existé entre 1981 et 1991 et a sorti une multitude de disques que je n’ai pas réussi à trouver. Reformé en 2007 sous le nom Sodom Project autour du chanteur et fondateur, le projet semble avoir muri et une nouvelle sortie est prévue prochainement. Musicalement on est désormais dans une electro de très bonne facture qui nous emmène tantôt vers des terrains synth pop froide à la Covenant, tantôt vers des assauts plus industriels à la FrontLine Assembly. Du gros son qui nous fait parfois planer, parfois danser ; j’avais un gros a priori et j’ai finalement beaucoup aimé. Je vais essayer de mettre la main sur leurs anciennes sorties afin de mieux percevoir l’évolution de leur son…
Sadie Sads
Fondée en 1982, cette formation est sans doute parmi les plus bruitiste et expérimentale de sa génération (au Japon du moins). Le groupe est de nos jours assez culte et le public montre un enthousiasme communicatif lors de l’arrivée sur scène des membres (les mêmes depuis le début). Musicalement on alterne les phases de bruits purs (façon Einstürzende Neubauten des débuts) et les assauts de guitares plus typiquement deathrock le tout dominés par les hurlements déments de Sad, le chanteur. Visuellement c’est scotchant, ce dernier est en effet complètement cintré, possédé comme un Jaz Coleman des grands jours mais qui aurait pris beaucoup d’acid et qui taperait de toute ses forces sur des casseroles avec des barres de fers… Un grand moment, qui ne durera qu’une demi-heure, malheureusement pour le public (et moi) qui en redemande, mais heureusement pour mes tympans qui demandent grâce. Gros coup de cœur pour moi (mais avec des bouchons la prochaine fois). Original, prenant et malsain, Sadie Sads est vraiment LE groupe sur lequel l’amateur doit se pencher pour aborder la scène japonaise.
AUTO-MOD
Enfin, le groupe fondateur, celui par qui tout commença au Japon. Celui-ci aura en effet été un des pionniers du post-punk au pays du soleil levant. Genet, le chanteur créa à l’époque le label Wechselbalg, qui signera la quasi-totalité des groupes positive punk de l’époque (AUTO-MOD évidemment, mais aussi Sadie Sads, Gara, Sodom, G-Schmitt, Nubile, …). AUTO-MOD se séparera en 1986 mais Genet est resté depuis très impliqué dans la scène, en organisant des évènements, concerts, soirées, et ressuscitera son groupe en 1997. Malheureusement le son du groupe aujourd’hui est très éloigné des débuts, et si on ne blâmera pas Genet d’avoir voulu évoluer, force est de constater que je ne suis que moyennement enthousiaste vis-à-vis de ce que j’ai pu entendre lors de ce concert. Le son d’AUTO-MOD a en effet évolué vers une sorte de « gros » metal aux accents industriels qui n’est pas sans rappeler Marylin Manson, on est donc bien loin de la musique squelettique et déstructuré du début : place aux grosses guitares, avec danseurs et choristes sur scène. Bon, soyons honnête, c’est plutôt bien fait mais vraiment extrêmement clichesque (cf vidéo) et finalement guère ma tasse de thé. La fatigue aidant, nous avons donc quitté la salle avant la fin…
J’en ai profité pour acheter quelques disques (on ne se refait pas) et faire connaissance avec des japonais dehors, et le rendez-vous est déjà pris pour un autre concert prochainement.
Ce petit aperçu de la scène japonaise m’aura donc plus que convaincu, certes il semble y avoir assez peu de jeunes groupes aujourd’hui et la moyenne d’âge est assez élevée (sans doute un peu plus qu’en France), mais des concerts de cette qualité on en redemande ! On y retournera donc très bientôt !
J’ai été pas mal débordé ces derniers temps, d’un coté le travail qui atteint le pic de l’année et de l’autre la visite d’une amie, puis de ma famille, venus profiter du Japon au printemps. Il est en effet bon de répéter une fois encore que le mois d’avril reste vraiment la meilleure période pour venir visiter le Japon : le temps est relativement clément, le pays reverdi (un peu), et on peut, avec un peu de chance, profiter des cerisiers en fleurs qui donnent un charme tout particulier aux paysages… Au final personne ne s’y trompe puisque les trois quarts des français que je fréquente ont eux aussi reçu de la famille ou des amis ce mois-ci.
Cette occasion nous aura permis de découvrir quelques nouvelles balades dans Tokyo, faire quelques « trucs à touristes » que nous n’avions encore jamais fait, retourner à Nikko et finalement de se dire que le Japon pour les vacances, c’est quand même particulièrement génial!
Pour ce qui est d’y vivre, et bien ma foi on s’y plait plutôt pas mal. De récentes ouvertures professionnelles m’autorisent à envisager de penser à prolonger notre séjour ici après la fin de mon contrat de VIE (qui rappelons-le arrive dans 4 mois maintenant). Si ces opportunités se concrétisent on changera de registre avec déménagement, voiture et tout le toutim, mais rien n’est fait donc évitons de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Du coup nous sommes bien décidés à profiter autant que possible des quatre mois qui arrivent, d’autant que les beaux jours incitent fortement à mettre le nez dehors, le temps que la maison se réchauffe (et que l’humidité monte en flèche…). Cette année encore, nous attaquons la Golden Week (semaine de vacances nationale) sans plans particuliers, on en profitera donc pour se reposer avant d’attaquer la dernière ligne droite et la saison des barbecues qui arrive, avec un planning qui va sans nul doute se remplir rapidement.
Par ailleurs fin mars nous avions, enfin, mis les pieds dans une soirée de corbaks japonais : soirée assez sympa avec sa faune hyper lookée, comme on pouvait s’y attendre, et composée pour une bonne moitié d’étrangers (mais pas de français), une playlist plutôt inégale mais pas désagréable du tout, et une ambiance très bon enfant. Le pas est franchi, on y retournera surement, et j’en reparlerai plus en détails à cette occasion.
L | M | M | J | V | S | D |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 2 | 3 | 4 | |||
5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 |
12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 |
19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 |
26 | 27 | 28 | 29 | 30 |